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Un roman 2.0 plein d’humour et d’amour
« Au clair des Mondes », un roman solaire et épistolaire à l’ère d’internet. Dans la librairie d’Esclarmonde se côtoient un humanitaire incertain, un amoureux éconduit, un philosophe décalé …
Beaucoup de romans qui sortent de nos jours sont de véritables assommoirs. Non qu’ils rappellent, malheureusement, par leur force, leur réalisme ou leur noirceur, le chef d’œuvre de Zola, mais parce que l’auteur, convaincu de son intelligence supérieure, assomme le lecteur de ses certitudes. Lui tape à longueur de pages sur la tête à grands coups de propos aussi creux que sentencieux pour bien lui faire comprendre sa vision du monde ainsi que le sens particulier et général de l’existence.
Philippe-André Vosgard a la chance de ne pas appartenir à cette catégorie d'écrivains qui martèlent et qui rasent. Son petit roman épistolaire – SMSolaire aussi– « Au clair des Mondes » ne se prend jamais au sérieux. Il fait souvent sourire et même parfois franchement rire. Comme cette démonstration mathématique implacable et assez convaincante du théorème de « l’équipartition des cons ». Comme cette description de quelques œuvres (« Mystère en Exopotamie », « Liquide de la désespérance ») de ce jeune photographe inventeur de « l’esthétisme hermétique ». Le calembour a sa place dans Au clair des Mondes, comme la plaisanterie grivoise, comme le rugby, le Sud-ouest, la chanson populaire et le bon vin. C’est un roman très français, mais Dieu merci, dans un sens nettement plus joyeux que l’entend Eric Zemmour ! Astucieusement construit aussi, où les correspondances croisées des différents protagonistes finissent par tisser un tapis bien épais et agréable pour le lecteur. D’autant plus agréable que le lecteur éprouve un petit sentiment de supériorité à connaitre, lui seul, tous les mensonges, les secrets, les stratégies amoureuses et les véritables sentiments des personnages. Il sait tout ce que les autres ignorent ou cherchent à cacher.
Qu’un roman ne se prenne pas au sérieux ne signifie pas qu’il soit vide et ne dise rien. Au Clair des Mondes dit les choses, mais avec légèreté. Par exemple en s’attaquant à la pensée convenue et très politiquement correcte qui veut qu’un humanitaire soit forcément quelqu’un de formidable et qu’un financier soit forcément un imbécile et un voyou. Par exemple en dénonçant le poids des étiquettes sociales qui rendent a priori très improbable une histoire d’amour entre une belle libraire et un banquier spécialiste des produits dérivés. C’est d’abord le charme de ce roman que de faire se rencontrer des mondes qui d’habitude cherchent soigneusement à s’éviter. De mondes peuplés d’individus qui, d’habitude aussi, font tout pour éviter de savoir qui ils sont vraiment. Jusqu’au jour où lors d’une soirée littéraire avec petits fours hallucinogènes, les langues se délient et les masques tombent…