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Stéphanie Coudert dessine son vocabulaire du Merveilleux
Lorsque l'on assiste aux présentations de Stéphanie Coudert, il y a un mot qui vient immanquablement à l'esprit du spectateur et qui résume la collection dans son ensemble: pureté.
Et, quand on découvre le titre du défilé, QOHR, le mot en persan ancien pour "Perle", L'essence" et "L'esprit", on sait d'emblée qu'on est bien dans l'univers d'une créatrice en quête d'essentiel.
Ne nous y méprenons pas : le concept de pureté de cette créatrice est d'inspiration japonaise, à savoir un dépouillement obtenu après un grand travail de réflexion et de remise en question. A ne pas confondre avec le minimalisme. Ses collections sont l'expression d'un confort absolu, obtenu par un choix pertinent de tissus, de crêpes et de mousselines, puis dans une construction ultra-sophistiquée du vêtement, qui au final n'y paraît pas.
Pour sa ligne Haute Couture été 2015, présentée dans une salle-bulle au sein du décor lumineux de l'Institut du Monde Arabe, Stéphanie Coudert a puisé dans la gamme chromatique qu'elle affectionne : le corail d'abord, la couleur dont elle dit qu'elle est son lien à l'Orient. Le blanc ensuite, qu'elle utilise seul ou en contraste et qui illumine la frêle silhouette des mannequins passant sur les pointes des pieds, chaussées de demi-pointes de gymnastique. Le noir souvent, pour équilibrer et contraster. Sans oublier un peu de jaune lumineux, sur son manteau d'été et sur une veste, tous deux mariés avec du noir.
La créatrice sait qu'il faut inclure aussi des imprimés pour animer la collection. Pour ce faire, elle introduit quelques tissus embellis par des effets de peintures pour leur donner de la force. D'autres pièces sont parsemées de mouvements de calligraphies qui semblent laisser cette empreinte de féminité que Stéphanie Coudert se donne pour mission de traduire dans ses créations.
Certains couturiers ont l'air de poser les tenues sur leurs mannequins. Chez Stéphanie Coudert, les filles sont habitées par le vêtement. Et cela se voit à chaque instant. Dire que cette jeune créatrice est une perfectionniste semble un gentil euphémisme. Chaque silhouette est étudiée pour être unique, avec une grande maîtrise des techniques de couture parfaitement exécutées, aussi bien dans le travail des drapés, des plissés que dans celui des constructions asymétriques.
Que ce soit les robes, les jupes, les tops, les vestes ou les pantalons, tous sont travaillés pour répondre à de nombreuses exigences : être confortables, bouger avec les corps, protéger et sublimer. A chaque fois l'équilibre esthétique est atteint : le volume se trouve au bon endroit, les harmonies de couleurs sont justes et le spectateur est subjugué par la vision d'une beauté qui prend une dimension universelle.
Ceci paraît d'autant plus remarquable que les inspirations de Stéphanie proviennent d'une riche palette de souvenirs personnels, en particulier d'une enfance en Iran et Irak en guerre qui ont pourtant forgé sa vision de la féminité. Elle a même réussi à ancrer cet idéal féminin dans une contemporanéité qui pourrait être aussi bien française qu'européenne ou occidentale. Deux univers aux racines si différentes mais qui semblent faits pour se réunir au cœur de cette collection dans un seul but : célébrer la beauté féminine. A celle qui affirme dans son joli texte d'accompagnement vouloir "créer son propre vocabulaire du Merveilleux", nous n'aurons qu'une chose à dire : mission accomplie!