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Philippe Guillard, alias Laguille : du rugby au cinéma
Le fils à Jo, le magnifique film réalisé par Philippe Guillard sur le rugby et la transmission de père à fils, a été un immense succès. Comment "Laguille" est-il passé des terrains de rugby aux salles de cinéma ?
Philippe Guillard sur le tournage du film Le fils à Jo avec Gérard Lanvin et Olivier Marchal
De réalisateur d'essais au Racing des années 90 à réalisateur de films aujourd'hui, sans oublier les nombreux sketches et gags des années Canal, Philippe Laguille affiche un parcours atypique.
Tout commence aux Antilles, où il est né et où, pour suivre les copains, il rejoint l'équipe de rugby des jeunes de la Gendarmerie. Philippe Guillard tombe immédiatement amoureux de ce sport et restera fidèle à cet amour d'enfance. Arrivé en région parisienne à l'âge de 16 ans, il joue d'abord à Fontainebleau, en cadets, puis en division d'honneur. C'est toujours pour suivre les copains qu'il s'inscrit au Racing, qui évolue en première division! Il reconnaît aujourd'hui qu'il lui aura fallu deux ans pour la mise à niveau technique. Il deviendra alors titulaire de l'équipe, où il aura la chance de côtoyer Paparemborde, le meilleur pilier du monde à l'époque, qui sera son "père spirituel"- en matière de rugby, on peut difficilement rêver mieux! En compagnie des Lafond, Mesnel et Cabannes, il atteindra la finale de 87 (battu par Toulon) et sera champion de France face à Agen en 90. L'équipe "show-bizz" du Racing a une devise : "jouer sérieusement sans se prendre au sérieux ". Elle n'hésite pas à multiplier les gags sur le terrain, jouant en béret basque à Bayonne, offrant des coupes de champagne à ses adversaires à la mi-temps et arborant lors de la finale 87 un splendide nœud papillon rose... qui deviendra plus tard le logo d'Eden Park.
Les crampons raccrochés, Laguille se lance dans la production de sketches pour Canal+, avec la complicité de footballeurs et de rugbymen connus. Son humour décalé fait mouche, et les stars se prêtent au jeu : Giresse en Charlie Chaplin ou Zidane recevant le Marcel d'Or, pour ne citer que ces deux-là, sont des moments d'anthologie. Au rugby, Piacentini, Porcu et Califano sont ses complices préférés, ce dernier se livrant avec Royal Cali à un pastiche désopilant de la publicité de Royal Canin.
Laguille fait preuve d'une imagination débordante pour mettre en scène ces sportifs de haut niveau, qui se transforment devant sa caméra en véritables acteurs. Il aime raconter des histoires et il a le sens de la formule juste. Son livre publié en 99, Petits bruits de couloir, plein de poésie, de tendresse et de drôlerie, recevra le Grand Prix de la Littérature sportive. Et il suffit de jeter un coup d'œil aux pages consacrées aux remerciements pour voir que dans la grande famille du rugby, Laguille compte beaucoup d'amis.
C'est donc dans la continuité de ses œuvres littéraires et télévisuelles qu'il s'est orienté vers le cinéma. Co-scénariste à succès de six films, dont Camping, il prend le pari de passer derrière la caméra en 2011. Le film est un grand succès, l'on y retrouve la "marque Laguille": à la fois drôle et triste, avec une grande tendresse pour les personnages et leurs défauts. Gérard Lanvin, qui interprète une ancienne gloire du rugby et qui veut absolument que son fils marche sur ses traces, a déclaré que "c'était son tournage le plus heureux en 35 ans de cinéma". Cette bonne humeur communicative se ressent dans la direction des acteurs: Olivier Marchal et Vincent Moscato en particulier campent avec humour et authenticité des personnages hauts en couleurs. On retrouve finalement chez Laguille réalisateur la recette des années show-bizz du Laguille rugbyman: faire le travail sérieusement sans se prendre au sérieux.
On voulait tout casser, sorti en 2015, ne parle pas du tout du ballon ovale; mais les valeurs qui sont mises en avant dans le scénario, comme l'amitié et la solidarité entre cinq potes qui se connaissent depuis 30 ans, sont bien celles du rugby. Ce très beau film, plein de justesse et d'émotion, est servi par un casting d'acteurs de talent, avec un Kad Merad au sommet de son art dans le premier rôle.
Laguille travaille actuellement sur plusieurs idées de film, avec l'intention de prendre son temps pour choisir, car, dit-il, "une fois qu'on est sur un film, on doit vivre trois ans avec". On regrette un peu que sa carrière au cinéma qui lui laisse peu de temps disponible, nous prive des sketches télévisuels que nous avons tant aimés. A bien y réfléchir, nous serions presque tentés de lui réclamer un DVD avec le best-of des sketches et quelques inédits, un bonus making-of de ses deux derniers films, sans oublier un court métrage sur l'une des histoires de Petits bruits de couloirs!