Patrice Giorda : quand lÂ’art et la nature ne font plus quÂ’un
Bois de Pins n°2 - Patrice Giorda
Pour sa troisième édition, Art Paris Art Fair est devenu le rendez-vous incontournable de l'art moderne et contemporain du printemps. Ayant eu lieu du 27 au 30 mars au Grand Palais à Paris, l’événement a réuni cette année 140 galeries issues de 18 pays. Parmi les nombreux artistes représentés, Captendance a eu l’occasion de rencontrer le célèbre artiste lyonnais Patrice Giorda. Zoom sur un artiste aussi attachant qu’envoûtant.
Paysagiste à forte dominante classique, Patrice Giorda avait toujours désiré travailler sur le thème de la forêt, cependant il n’avait pas encore trouvé l’impulsion lui permettant de le traiter. L’inspiration étant un phénomène mystérieux et aléatoire, ce n’est que lors d’un séjour sur l’île de la Palma, aux Canaries, que l’artiste y découvrira les éléments révélateurs. Il est ébahit par la forme d’un tronc et l’écorce aux milles couleurs des pins de l’île qui le laisse sans voix devant toutes ces nuances de noir, rouge et crème puis prend deux photos qu’il rapportera avec lui à Lyon. Ces deux photographies et ses souvenirs seront le point de départ d’une série de tableaux nommés « Forêts obscures », car c’est à ce moment que le déclic s’est produit : le mélange troublant de couleurs naturelles ainsi que cette forme si particulière du tronc ont signé le début d’une belle collection de dix tableaux sur le thème de la forêt, exposés à la galerie Françoise Bresson à Lyon.
Lorsqu’il traite un sujet, l’artiste commence par s’imprégner de l’environnement, il se concentre sur un élément puis se met à faire des croquis à l’encre de Chine pour finalement se lancer sur la toile. Une fois les premiers traits déposés, Patrice Giorda, se munit de ses pinceaux et se laisse guider par ses émotions. Il ne regarde plus aucun autre objet que sa toile et s’inspire de ses souvenirs et ses ressentis pour compléter le tableau à la peinture. Perfectionniste, il retravaille ses toiles jusqu’à ce qu’il trouve l’accord parfait entre lumière, couleur et espace. D’ailleurs, cela se ressent dans ses œuvres ; l’équilibre absolu entre les éléments rend ses tableaux hypnotiques et le contact avec les peintures nous transporte dans un havre de paix où le silence est le maître mot.
Forêt obscure n°3
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Patrice Giorda n’avait pas envisagé de devenir peintre. A l’inverse de son père qui avait eu très tôt la fibre artistique et avait étudié aux Beaux-Arts avant de se tourner vers l’industrie, Patrice, lui, a choisi une voie plus classique. Après un baccalauréat scientifique, il entame une prépa maths sup/maths spé mais fini par tout abandonner pour intégrer les beaux-arts. Comme toutes les belles histoires, tout a commencé par un livre. Un jour, en feuilletant un ouvrage sur l’œuvre extraordinaire de Véronèse, Patrice Giorda a une révélation et comprend qu’il deviendra artiste. Il étudie ensuite aux beaux-arts puis se perfectionne pendant trois années avant d’exposer pour la première fois. On ressent particulièrement l’empreinte de son parcours scientifique dans sa personnalité et son œuvre. Il raconte qu’il s’inspire à la fois de Poussin, très carré, et de Van Gogh qui laisse libre cours à la couleur et au mouvement. Inspiration donc de deux artistes aux parcours et aux styles différents mais qui est cohérente avec son profil à la fois scientifique et artistique.
Lorsqu’il ne peint pas, Patrice Giorda aime s’adonner à un autre exercice : celui du portait. Pour l’artiste, il s’agit également d’une bonne occasion de rencontrer d’autres personnes. Portraitiste, il préfère dessiner au fusain. Pour lui, il s’agit du meilleur instrument pour capter les émotions de ses sujets. Cependant, il aimerait pouvoir réaliser des portraits à la peinture mais pour le moment, très humble, il avoue qu’il n’a pas encore réussi à trouver l’équilibre entre peinture et émotions. En effet, lorsqu’il traite un portrait à la peinture, il trouve que la peinture prend le dessus et que l’Homme s’efface au profit de la toile. Son prochain challenge est donc de réussir à capter les émotions des personnes, que l’humain reste au centre de l’œuvre, sans que la peinture ne prenne le pas sur lui.
Forêt obscure n°1
Très en en marge des influences artistiques remarquées à l’exposition Art Paris Art Fair, avec une explosion des couleurs et de modernité, les œuvres de Patrice sont à son image, touchantes. Et s’il aime beaucoup voyager il s’inspire surtout des choses simples : là où les paysages sont à couper le souffle, la beauté est tellement forte qu’elle ne stimule pas son imagination, à l’inverse d’un paysage moins extraordinaire où l’expression peut-être multiple. Il va préférer le calme d’un bois au tumulte des montages d’un site exceptionnel.
L’artiste a une clientèle assez fidèle, des clients qui l’ont suivi dans le temps, ainsi que des collectionneurs. Une des dix toiles de la série « Forêt » a déjà été vendue. Avis aux amatrices et amateurs : il en reste neuf dont le coût varie de 6 000 à 17 000 euros.