Le réalisateur, Laurent Laffargue, signe avec ce long-métrage le troisième volet de ses pièces de théâtre « Casteljaloux I et II ». Ce triptyque est fortement inspiré de sa jeunesse dans le Lot et Garonne. Mélange entre mélodrame et série noire, Les Rois du monde tient le spectateur en haleine de la première image du film jusqu’à la dernière. L’interprétation du trio d’acteurs est absolument remarquable : la compagne du réalisateur, Céline Salette, incarne magnifiquement le rôle de Chantal, femme tiraillée entre ses deux amours et professeur de théâtre pour un groupe de jeunes du petit village. Quant aux rôles masculins, on applaudit le jeu de Sergi Lopez, qui endosse le rôle de Jeannot, l’ancien prisonnier à la personnalité violente, avec une prestation qui force l’admiration. Cet homme perturbé par son amour, tiraillé par la vengeance, abattu par la vie et l’alcool, poursuit sa reconquête tout le long du film. Personnalité atypique que l’on craindrait forcément, le personnage angoisse durant les 100 minutes du film, sans laisser au spectateur le temps de souffler. C’est Eric Cantona qui viendra ajouter une force supplémentaire, avec le rôle de Jacky, le nouvel amour de Chantal, fort et oppressant.  Les images sont réussies, les scènes bien rythmées, et l’intrigue ressemble à une tragédie grecque des temps modernes.

Parfois touchant, mais surtout pourvu d’une dureté inquiétante, le premier film de Laurent Laffargue, Les Rois du monde, ne manquera probablement pas de marquer tous les spectateurs.