A gauche : © Eugène Kammerman/Rapho, page 115 • A droite : © Piero Biasion/Alexis Mabille, page 182

Organisé chronologiquement, couvrant le sujet depuis les prémices puis des origines officielles jusqu'à nos jours, le livre intitulé simplement Haute Couture et qui se veut "l'histoire de l'industrie de la création française" remplit parfaitement la mission annoncée : une présentation très complète de ce qui caractérise un artisanat qui a su s'adapter à son époque, tout en conservant les bases d'une tradition si précieuse.

Que vous vous intéressiez aux techniques ou au fonctionnement d'une maison de couture voire à un couturier en particulier, que vous soyez passionnés de mode ou d'histoire de la mode, vous aurez forcément des réponses très complètes à toutes les questions relatives à ces sujets. Rien d'étonnant à cela : l'auteur, Guénolée Milleret, est une spécialiste reconnue cumulant, entre autres, les activités d'enseignante dans des écoles spécialisées avec la rédaction d'ouvrages liés à l'histoire de la mode et des domaines qui s'y apparentent. Sa grande expérience lui permet d'analyser avec discernement la situation de la couture actuelle, tout en contant les histoires fascinantes autour de la couture, avec moult détails et anecdotes.

  
A gauche : © Photo Marc Tomasi pour l’étude Thierry de Maigret, Paris, page 40 • Au milieu : © Photo Marc Tomasi pour l’étude Thierry de Maigret, Paris, page 41 • A droite : © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, Paris, page 166 

La lecture est plaisante, jamais pédante, et les chapitres sont étayés par quelques données chiffrées pour être au plus près du fait historique. C'est d'autant plus précieux que l'auteur plonge les amateurs d'histoire au cœur même des époques et de leurs situations politiques, économiques et sociales. Le Roi Louis XIV n'a-t-il pas affirmé : "la mode est le miroir de la société ?"

Sur le plan graphique également, l'ouvrage est d'une grande richesse. En témoignent les nombreuses photos et gravures, absolument impressionnantes. Ce sont, pour certaines, de vrais trésors en terme d'iconographie : images d'ateliers, portraits de couturiers, illustrations d'époque, ambiances de salons de couture, essayages, défilés et, bien sûr, des robes et des tenues qui ont marqué leur époque, depuis les gravures du XVIIIe siècle aux grandes robes récentes du couturier Alexis Mabille.

 
A gauche : © Patrimoine Lanvin, page 82 • A droite : © Guénolée Milleret/Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, Paris, page 154 

Sans complaisance, en clôture de son ouvrage, l'auteur n'esquive pas non plus la question qui revient à chaque saison: la Haute Couture, a-t-elle encore sa raison d'être ? Ce à quoi elle répond en expliquant la mission de la couture qui, bien que destinée à habiller quelques clientes privilégiées, va au-delà de la démarche commerciale: elle se doit de constamment innover, tout en préservant les traditions du passé. Une mission à laquelle il faut redonner ses lettres de noblesse, tant elle exprime la quintessence de ce qu'est la création : un acte qui consiste à produire quelque chose de nouveau, d'original, à partir de données préexistantes.

Ce livre arrive donc à point nommé pour nous instruire à un moment où les merveilleuses créations des couturiers défilent avec leur grâce habituelle sur les podiums parisiens.  

Haute Couture
Guénolée Milleret
éditions Eyrolles
PPC: 22 EUR